Axe 2 - Les formes indirectes de la puissance
On définit la puissance comme capacité à contraindre. C’est la manière forte, ou hard power. On cherchera ici à faire le compte des stratégies d’influence, des manières de gagner les esprits plutôt que des les contraindre. Il s’agit du soft power.
3 thèmes dans ce chapitre : la langue qui diffuse la culture et l’idéologie ; la maîtrise et le contrôle technologique ; et la maîtrise des voies de communication. On verra aussi que d’autres acteurs menacent l’autorité des États, les FTN du numérique, notamment.
#1. Langues et cultures : un marqueur d’identité et d’influence
#A. Diversité des langues et diversité des cultures
#a) Langues et aires culturelles : le produit d’une histoire
Il existe plus de 6000 langues dans les monde. Ceci est la conséquence de l’évolution et la diversité des foyers de peuplement, des conquêtes et de la colonisation. Seule une vingtaine de langues domine sur le plan numérique, couvrant environ 95% de la population. Peu sont des langues internationales, comme l’anglais, l’arabe, le français ou l’espagnol.
Les aires linguistiques ne se confondent pas totalement avec les aires culturelles : l’usage d’une même langue, ou la proximité des langues, n’exclut pas une certaine différence culturelle. D’ailleurs, une même langue évolue différemment selon la culture locale, parfois à quelques kilomètres de différence. Ainsi, le cantonais de Hong Kong est assez différent de celui de la région du Guangdong en Chine continentale, suffisamment différent pour créer des malentendus, et même des situations d’incompréhension totale. Pour cet exemple, la colonisation de Hong Kong a culturellement éloigné les différents locuteurs, sans toutefois désiniser les locuteurs de Hong Kong.
Dans le monde, la première langue maternelle est le mandarin, et la première langue enseignée est l’anglais.
#b) Identité et langues
L’identité culturelle est portée par la langue. Et cette identité culturelle est une des composantes qui nous permet de comprendre les forces qui sont en jeu en politique intérieure et en géopolitique.
Au cours de l’histoire, on a vu, notamment en Europe au XIXe siècle, à quel point la langue est le fondement du sentiment national et ainsi de l’émergence des États-nations. Si la péninsule italienne a longtemps été sous domination de puissances extérieures, le Risorgimento et l’émergence de l’état-nation italien en 1860 viennent d’une communauté linguistique, et de représentations véhiculées par la langue.
On distingue la pratique de la langue, dite de facto, de la langue officielle, dite de jure, imposée par l’État.
Le multilinguisme existant dans certains pays n’annule en rien les identités, il est même parfois institutionnalisé pour refléter la mosaïque des identités. En Suisse, les identités sont bien marquées, et il existe 4 langues officielles (français, allemand, italien et romanche). En Afrique du Sud, les onze langues officielles sont mises à égalité. En Inde, la Constitution établit officiellement l’existence de 22 langues.
#B. Les langues au service de l’affirmation de la puissance
#a) L’affirmation de l’autorité centrale
La langue de jure, c’est-à-dire, la langue officielle, est un outil d’unité et d’harmonisation politique puissant. C’est ainsi qu’en République de Chine Populaire, Mao Zedong avait imposé le mandarin et simplifié les sinogrammes pour créer davantage d’unité et d’alphabétisation dans cet immense pays. Le mandarin est toujours imposé dans les provinces chinoises, malgré les particularismes linguistiques, et notamment dans le Xinjiang où les Ouïghours turcophones pourraient être, selon la crainte du pouvoir central, tentées par le séparatisme.
#b) L’affirmation de l’autorité de l’envahisseur
Durant la colonisation, l’imposition du français ou de l’anglais dans les territoires conquis a permis de renforcer l’unité des empires coloniaux et de soumettre progressivement les peuples. La langue du colon affirme la puissance du colonisateur et étouffe l’identité du colonisé.
Les Japonais, au début du XXe siècle jusqu’à 1945, annexent de nombreux territoires en Asie. Ils imposent aux Coréens de porter des noms japonais. La volonté de suppression de l’identité est manifeste.
#c) Le soft power par la langue aujourd’hui
Héritage de la colonisation, la francophonie sert aujourd’hui au rayonnement de la France. La langue et la culture française sont enseignées dans le monde entier, et la France en retire de grands bénéfices pour son influence. Le réseau des lycées français dans le monde et les Alliances Françaises œuvrent à ce rayonnement. Avec la langue et son enseignement, la culture est véhiculée. On promeut ainsi musées français (Louvre d’Abu Dhabi, Beaubourg à New York), gastronomie française, cinéma français, luxe et grands couturiers, un art de vivre à la française.
Bien d’autres pays font la promotion de leur langue et de leur culture à l’étranger. Les allemands ont un réseaux d’instituts Goethe ; les britanniques, les British Councils ; les chinois, les instituts Confucius. Ces dernières années, les instituts Confucius se sont particulièrement multipliés, au point de dépasser en nombre les autres instituts, ce qui montre bien la volonté de la Chine de s’affirmer comme puissance. Les diasporas sont des relais importants de ces politiques culturelles dont l’échelle est mondiale.
#C. Résistance à l’uniformisation et force des identités
#a) Mondialisation signifie uniformisation du monde
La mondialisation est une intensification des échanges, une intégration à un « système-monde ». Les pays les plus intégrés sont les plus puissants, et dans ce contexte, ils imposent ainsi leurs langues et leur culture aux pays les moins puissants. Ainsi, depuis 1945, le monde s’est américanisé : cinéma, musique, littérature, mais aussi idéologie et mode de vie. Le modèle américain séduit, certes. Mais, il est presque toujours déjà là, avant même que ne se pose la question de notre adhésion à celui-ci.
La langue de la mondialisation est l’anglais, conséquence de la puissance nord-américaine, mais aussi héritage de l’empire colonial Britannique. Dans les écoles, les sections britanniques ou américaines se multiplient. Dans les entreprises de nombreux pays, les échanges entre individus dans le contexte du travail s’anglicisent également. Au bureau, à Paris, Amsterdam, Mumbai ou Shanghai, il est courant d’entendre des mots anglais naturellement insérés dans la conversation, comme « KPI » (pour Key performance indicators) « metrics », et bien d’autres. Derrière l’usage des mots, l’idéologie et les fantasmes de réussite individuelle sur le modèle américain ne sont jamais loin.
#b) Résistance à l’impérialisme culturel dans un monde multipolaire
Cependant, les puissances des BRICS, par exemple, sont des obstacles à cet impérialisme culturel et des foyers de résistance à l’américanisation du monde. Le Brésil, la Chine, l’Inde ou la Russie sont aussi des puissances linguistiques et culturelles. Les représentations portées par leurs langues n’ont parfois rien de commun avec le monde occidental, comme c’est notamment le cas des idéogrammes chinois. Le continent africain, avec ses multiples langues et son potentiel démographique, compte aussi un nombre important de foyers de résistance au « système-monde » uniformisé, à l’identité internationale lisse, à l’hégémonie culturelle imposée.
Il existe environ 3000 langues dont les locuteurs sont peu nombreux (moins de 10 000 locuteurs), et il existe une certaine perception de l’anglais comme langue impérialiste. La connaissance et l’usage de l’anglais, imposés par des visées pratiques, n’annulent pas nécessairement les identités et les cultures locales.
#2. La maîtrise des technologies comme facteur de puissance
#A. Nouvelles technologies et mondialisation
#a) Une évolution technologique vers plus de connexion
On a dit plus haut que la mondialisation, c’est une intensification des échanges, des flux de toutes sortes, à une échelle mondiale. Nous nous intéresserons ici aux flux de marchandises et surtout aux flux de données, ces derniers accélérant encore davantage la mondialisation.
L’évolution technologique est extrêmement rapide, et notamment dans le secteur du numérique. Prenons pour exemple les objets du quotidien qui sont devenus, depuis une dizaine d’années, des objets connectés : smartphones, mais aussi voitures, montres, téléviseurs et même caméras, luminaires, appareils électro-ménagers. La domotique et nos pratiques nous connectent à Internet de manière permanente. Nos informations, notre vie culturelle, nos divertissements et nos activités professionnelles en dépendent.
#b) Des flux de données cruciaux
Ces flux mondialisés véhiculent le texte, la voix, l’image, la vidéo et accélèrent la mondialisation des échanges. Ces flux concernent, comme évoqué plus haut, l’information, le divertissement, la communication, mais aussi le commerce et l’activité des entreprises. Les processus productifs des FTN sont dans de nombreux cas, en effet, entièrement numérisés : contrats numérisés, marketing en ligne, données et caractéristiques techniques depuis les centres de commandement vers les sites de production, données sur les chaînes de production, contrôle qualité numérisé, données de livraison, états des ventes numérisés, paiements en ligne…
Car ces flux concernent aussi la finance. Les flux financiers mondialisés ne sont pas des échanges d’argent liquide, de la main à la main, mais des jeux d’écritures, évoluant dans les systèmes d’information des grandes banques. Même pour le citoyen lambda, la banque se réduit à des écritures sur une application. Les moyens de paiement numériques se sont multipliés et sont même encouragés. À Amsterdam, depuis 2018, il existe de nombreux centres commerciaux qui n’acceptent plus l’argent liquide.
On voit bien l’enjeu de puissance qui existe dans la maîtrise des nouvelles technologies, tant pour les entreprises que pour les États, mais aussi pour les individus qui doivent maîtriser ces nouveaux usages.
#B. Émergence des grands acteurs, place des États et souveraineté numérique
#a) Les géants d’Internet
En créant, en organisant et en captant ces flux, les géants d’Internet sont devenus plus puissants que de nombreuses entreprises, mais aussi plus puissants que de nombreux États. Ce sont les GAFAM, mais aussi les BATX et de nombreux autres acteurs dans le monde, tels que Rakuten au Japon, Intel et Oracle aux États-Unis.
Leur capitalisation boursière reflète cette puissance. Elle est comparable au PIB de certains États. Ces grandes entreprises peuvent ainsi rivaliser avec la France, l’Italie, le Canada, la Russie ou le Brésil, par exemple. La capitalisation boursière d’Apple est ainsi très proche du PIB de la France, et celle de d’Amazon, proche du PIB de la Russie. Cette puissance leur permettent de faire pression sur de nombreux gouvernements.
Ce sont aussi des entreprises dont le modèle économique repose sur l’exploitation de vos données. Leur pouvoir sur la vie des citoyens est donc considérable.
#b) Place, réponse et fragilité des États
Les États sont donc dans une position de fragilité. Leur réponse passe évidemment par la régulation. On sait que dans les régimes autoritaires, cette régulation équivaut à la censure, comme c’est le cas en Turquie, en Corée du Nord, en Syrie ou en Chine. Dans les démocraties, la régulation signifie filtrage des flux numériques. Ce filtrage est exécuté sur des données relatives à la défense et à la sécurité nationale notamment.
La puissance des géants d’Internet est prise en compte, dans les gouvernements, avec la désignation d’interlocuteurs, ou la mise en place de secrétariats d’État pour l’économie numérique, en France. La réponse des démocraties occidentales, et notamment en Europe, passe aussi par le contrôle de la fiscalité. Aux États-Unis, ce sont davantage les positions de monopoles qui sont attaquées, au nom du droit de la concurrence.
#c) La question de la souveraineté numérique
Les géants d’Internet sont de nouvelles puissances, dont les flux mondialisés, toujours plus intenses, menacent la souveraineté des États.
La majorité des services de stockage et du cloud sont concentrés dans des datacenters appartenant aux géants d’Internet. Il y a donc dépendance, de fait, ou bien risque de dépendance technologique vis-à-vis des grands acteurs, voire vis-à-vis de pays dont les services sont originaires. En 2022, 92% des données échangées sont hébergées aux États-Unis.
#C. La notion de cyberpuissance
#a) Conflits entre cyberpuissances
L’ensemble des politiques des États concernant le cyberespace fondent la notion de cyberpuissance. On a vu, par exemple, à quel point la Chine protège son cyberespace en empêchant les FTN étrangères d’y accéder. Google Search s’est retiré du marché chinois en 2010, parce que la Chine exigeait de l’entreprise qu’elle implémente la censure au cœur du moteur de recherches.
#b) Guerre économique et guerre de l’information
Les États-Unis et la Chine se livrent également une guerre commerciale dans ce secteur. Ainsi, il est désormais interdit pour Huawei d’installer Android sur ses smartphones. La concurrence entre FTN du numérique a pris un tour nettement plus géopolitique.
Les États se sont engouffrés dans une guerre de l’information : cyberespionnage, acquisition d’informations, manipulation, influence et prévention du cyberterrorisme. La capacité de R & D, recherche-développement, est un facteur de puissance.
#3. La maîtrise des voies de communication
#A. Mondialisation et voies de communication
#a) La maîtrise des routes commerciales comme facteur de puissance
Maîtriser les voies de communication est crucial. C’est un facteur de puissance. Cette puissance s’exprime évidemment par la prospérité économique, mais aussi par une certaine harmonisation politique.
Pendant l’Antiquité, la puissance maritime athénienne, thalassocratie, crée de la richesse, mais elle contribue aussi à l’expansion du modèle athénien. Athènes fait la promotion de son modèle, dans ses clérouquies. Dans l’Empire romain, le réseau de voies romaines œuvre à la pax romana, une romanisation des territoires et populations hétérogènes de l’Empire.
Fluidité des flux humains, mais aussi des flux de marchandises, des hubs et des routes de l’énergie contribuent aujourd’hui à l’affirmation de la puissance des États.
#b) Les perturbations des flux
Outre une menace sur la richesse et sur l’approvisionnement énergétique, la perturbation des flux peut créer une déficit d’image pour les États. Ainsi, la fluidité des flux fait l’objet de coopération régionale et internationale. Il s’agit d’éviter les perturbations pour que ce « système-monde » fonctionne parfaitement et que chaque État puisse tenter d’y affirmer sa puissance.
La coopération a lieu, par exemple, dans l’Océan Indien, pour éliminer la piraterie dans la corne de l’Afrique, mais aussi dans le détroit de Malacca.
Les choke-points, détroits ou canaux, font l’objet d’aménagements. Leur blocage entraîne potentiellement l’arrêt total du commerce international, comme on l’a vu pour le canal de Suez, en mars 2021. Certaines régions sont sensibles, comme le détroit d’Ormuz. Les problèmes géopolitiques, dans une région cruciale pour la production énergétique, peuvent avoir des des conséquences sur la puissance des États.
#B. Acteurs et aménagements
#a) FTN et États
Les FTN sont des acteurs majeurs et les États aménagent leurs équipements et leurs installations en fonction du volume de marchandises transportées, de la densité de transport, et du nombre de passagers.
Ainsi, la Chine a aménagé de nombreux ports de sa façade maritime : Shanghai, Ningbo, Shenzhen et Guangzhou. Les aéroports internationaux sont des hubs internationaux (comme Dubai) ou domestiques (comme Atlanta ou Pékin), souvent les deux.
#b) Nouveaux projets
Les réchauffement climatique a ouvert des voies maritimes par le Nord. Il est désormais plus court de faire transiter les marchandises le long du littoral russe, ou entre le Groenland, l’Alaska et le Canada. C’est une opportunité pour la Russie, dont la puissance a longtemps été limitée par des ports dont l’accès était impossible en raison de la glace. C’est aussi une nouvelle source de problèmes géopolitiques, et un lieu d’affirmation de la puissance pour les États-Unis (Alaska), le Canada, mais aussi le Danemark (Groenland).
Le canal de Suez a été dédoublé, le canal de Panama élargi. Des projets de canaux sont à l’étude dans l’isthme de Kra, en Thaïlande, pour éviter le détroit de Malacca, et au Nicaragua, alternative localisée au Nord du canal de Panama.
#C. Les nouvelles routes de la soie : un projet économique mais aussi politique et culturel
#a) Le projet
Le projet voit le jour en 2013, sous le nom One Belt, One Road, dans un discours de Xi Jinping. La ceinture est un système de routes maritimes dans l’Océan Indien, reliées notamment aux ports du Pirée, en Grèce, (où la Chine dispose d’une concession) et de Venise. La route est censée traverser l’Asie centrale jusqu’en Europe occidentale, premier marché de la Chine, avec ses 500 millions de consommateurs aisés.
D’emblée, le projet fait l’objet d’une intense propagande chinoise, propagande quelque peu maladroite : il s’agit d’un projet créant la prospérité et l’amitié entre les peuples, si l’on en croit le parti communiste. Les vidéos relayées par Xinhua, l’agence d’information chinoise, sont en anglais, sur YouTube, sous une forme musicale. Elles ne visent donc pas les chinois puisque YouTube y est censuré.
Sur terre, le projet inclut routes, autoroutes, chemins de fer. En mer, ce sont des aménagements portuaires. L’origine du financement est majoritairement chinoise.
En 2016, le projet devient BRI (Belt and Road Initiative). Il prévoit de nombreux corridors de développement en Asie centrale, notamment un qui relie le Sud du Pakistan au Xinjiang, en Chine, dans l’idée d’accélérer l’approvisionnement énergétique, par les voies terrestres, en provenance des régions du Golfe.
#b) Une stratégie impérialiste chinoise localement contestée
La Chine est accusée de mettre en place un piège de la dette (debt-trap diplomacy). Au Sri-Lanka, le port de Hambantota n’est pas assez rentable et l’État n’a pas pu honorer les termes du remboursement du prêt chinois. En 2017, le Sri-Lanka a dû, en échange d’une révision des termes du remboursement de la dette, céder le port à la China Merchant Port Holdings jusqu’en 2116.
Localement, les investissements chinois sont aussi contestés, à Gwadar au Pakistan, mais aussi à Bichkek au Kirghizistan. En Afrique, la Chine fait cadeau de stades, d’infrastructures de transport et d’hôpitaux pour prévenir les contestations.
En outre, la ceinture maritime du projet contourne méticuleusement la puissance régionale rivale : l’Inde. La stratégie chinoise est appelée, officieusement, stratégie du collier de perles.
#c) Un projet géopolitique et culturel
Il n’existe pas, à ce jour, de projet occidental qui aurait la même étendue et la même ambition. Il démontre ainsi la grande influence de la Chine, par l’adhésion qu’il remporte, et notamment par son inclusion des continent africain et eurasiatique. Notons qu’il isole le continent américain.
Pendant la décolonisation, Mao Zedong avait voulu s’ériger en leader du Tiers-Monde, contre l’impérialisme occidental, bien que la Chine n’ait jamais été totalement colonisée. Il semblerait que Xi Jinping ait achevé l’ambition maoïste.
En 2013, 68 États participaient au discussions sur le projet. En 2020, ce sont 137 États qui travaillent de concert à sa réalisation. On pourrait comparer le projet à un plan Marshall chinois, destiné à endiguer l’influence américaine, et plus largement occidentale, dans le monde. Mais cette interprétation des choses est discutable, puisqu’elle nous enferme dans une logique de guerre froide, logique censée appartenir au passé.